Une gaîté !
La rame était assez pleine pour que les strapontins puissent
encore être occupés sans que les passagers debout n'en fussent incommodés. Le couple
qui en avait pris aise me jouxtait et causait à voix basse sans entrain
particulier d'ailleurs. Seul un fin initié (et j'en suis !) pouvait avoir la
présomption irréfragable que pour ces deux là, la nuit avait été torride ou l'aube
gracieusement…
Gaie !
Je sentais leur amour et je revivais par procuration mes amours.
Le couple était beau et inspirait sympathie. Manifestement ces deux là étaient en
quiétude, sereins, heureux et d'être ensemble, vraiment assez…
Gai !…
Le train rentra en station. La rame se vida. Sur le quai, il
y avait foule en mouvement. Le jeune garçon quitta la rame. Par pudeur il
n'embrassa pas son âme sœur. Hors du véhicule, il se retourna et fit un petit
geste de la tête et mima discrètement une bise. Il suivit le sens de la foule. Le
métro siffla et repris son trajet froid. Oh surprise ! Le garçon s'était arrêté
pour voir la rame partir espérant en apercevoir une fois encore son étoile des nuits qui continuait le trajet. De son strapontin sa belle
étoile le voyant au bord des premières marches sursauta presque, chercha
vainement son regard et fit un signe de la main qu'il ne pût voir. C'était tard. Le train avait roulé et le tunnel nous avait englouti. Sincèrement ce n'était pas…
Gai !
Mais, j'esquissai un sourire et une joie intérieure en
découvrant cette scène. Je sentis de la tristesse que je la partageai. Il n'y a
rien à dire d'autre qu'il y avait bien de l'amour entre ces deux…
Gays !
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