Elle avait longé le couloir de ce jet commercial entre les
sièges en velours les yeux rivés sur les données de sa carte d'embarquement
pour retrouver sa place et s'y installer. Elle s'était débarrassée de son
manteau gris en laine tissée qu'elle avait plié délicatement et posé sur son
troller dans son box, au-dessus de son siège numéroté.
Elle était d'une beauté angélique au petit matin, ce
matin-là. Légèrement maquillée, elle dégageait un parfum qui enivrait le désir et
pouvait faire perdre l'innocence à un moine. Elle portait un combiné noir qui
dessinait les contours de son corps et donnait à voir un postérieur canonique
véritablement une callipyge qui n'aurait pas laissé indifférent un castré.
Au dehors il coulait une fine pluie qui mouillait la piste
et dessinait des sillons sur la coque de l'avion. Le pilot rappela les mesures
de sécurité et énonça les paramètres du vol puis, il fit tourner les réacteurs.
Le bruit des moteurs fut un catalyseur pour ces émotions. Une chaleur interne
monta en elle alors que le mouvement brownien de ses atomes mettait tout son corps
en branle.
Elle se courba pour voir le reflet de son homme par hublot. Elle
avait écarté légèrement ses longues jambes chaussées de talons aiguilles et
avait posé une main sur l'accoudoir de son siège et l'autre sur le bord la
vitre. Elle coulait des larmes en voyant au travers des gouttes d'eau le reflet
de son homme qui s'agitait frénétiquement. Elle réalisait qu'il n'avait pas
voulu qu'elle prenne ce vol sans qu'il n'ait jouit d'elle jusqu'au bout. Elle se
déhanchait en faisant des signes de mains pour lui signifier la profondeur de
son amour.
L'avion s'éloigna sur la piste et décolla. Elle avait pris
sa place, éteint son cellulaire et attaché sa ceinture. Lui, resté sur le
tarmac, continuait à agiter sa main en guise d'au revoir, les yeux pleins de
l'image de sa bien-aimée qui disparaissait dans les nuages.
Il avait bien voulu être à ses côtés alors qu'elle
s'envolait ce petit matin.
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