Roger C. Elobo, Mon Blog

Espace d'Analyse, de Critique, d'Humeur, ...de Vie

20 février 2011

Des nuits au village


Comme des moments à Paris

C'est à la nuit tombée que la fête commence. Elle tombe vite la nuit, au village. Las de trainer le long de l'équateur et des tropiques à activer la mélanine, le soleil s'y couche constamment à des heures raisonnables. Et lorsqu'elle est lancée, aux sons des tambours et claquements des mains, c'est aux éclats de la lune et des étoiles que la fête bat son plein…

La place de fête…

C'est un hangar, relique d'un vieux bar dont le propriétaire ignore tout de son histoire. Le comptoir est vieux. Les étagères tiennent à peine. Le réfrigérateur a vaincu l'obsolescence programmée. Les casiers vides servent de chaises pour certains. La piste est rapidement parsemée de bouteilles vides de bière et de vins aigres qui, bien que l'échelle de leur saveur varie de dégoûtant à mauvais, font la joie des hommes et des femmes de cette partie de la terre. Ces cadavres de bouteilles sont autant la victoire sur une semaine de dur labeur et que de rage sur un avenir incertain. Sur cette place, en ce moment là, Bacchus, le dieu de l'ivresse, est Seigneur !

Cette nuit là…

Comme bien d'autres et même toutes les autres, le joueur de balafon fut à son aise. Il jouait en transpirant à grosses goûtes. Son torse dénudée laisse voir des biceps et des pectoraux d'une forte virilité. Dans la foule des danseuses, il avait repéré sa cible. Il jouait. Elle répondait. Malgré les vapeurs éthyliques, les initiés suivaient ce moment tant attendu de la soirée. La cible était sur la raie, comme disent les chasseurs au village…

Arrimage !

La tension montait. La danseuse était à porter. Le balafongiste rythmait. Le son était magique et magnifique. Il cherchait les gammes de la fréquence du corps de sa suiveuse. Celle-ci étalait sa dextérité. Elle dansait avec grâce. C'était beau et excitant. Nul doute que ses dessous avaient déménagés sous ce pagne qui tenait à peine. Son bassin tournait comme une toupie. Le musicien ne lâchait pas. Il variait le rythme comme pour la tester. D'un coup, il accéléra et amorça un long tunnel. C'était le moment. La femme se lâcha. Les ondes du son et des atomes étaient en résonance. Pour crier victoire, il frappa trois coups. Les initiés, qui avait compris se jetèrent des coups d'œil furtifs. Certains esquissèrent un sourire, d'autres vidèrent leurs bouteilles et d'autres reprirent leurs assises.

Plus tard

Lorsqu'on vit deux silhouettes disparaître sous les feuilles mortes d'un champ de bananier non loin, personne ne se posa de questions.

Il y va ainsi des moments au village,

Comme de petits coups de fil d'un après-midi, ou encore des échanges d'une messagerie nocturne ou plus encore, l'effet de ce regard singulier, des lundis d'hiver, sur le temple du savoir, dont le croisement, me met en fusion, tant il est beau, aimant, sensuel, sincèrement para expressif et, portée par cette beauté virulente, à la crinière automnale…

Rien que pour son aile, je cèderais Suez.

1 commentaire:

josiane bony a dit…

fanatique de figures de style,je constate. EH BIEN MOI J'ADORE VOS ECRITS§