Roger C. Elobo, Mon Blog

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5 avril 2018

Echec avant ultime marche pour cause de trahison


Lui et elle avaient gravi toutes les marches, évitant les pièges et les obstacles que leur opposaient les contingences de la vie. Il ne leur restait que le couronnement. C’est alors qu’elle se révéla et qu’il se laissa glisser sur le flan du col pour retrouver au pied de la montagne celle qui l’attendait désespéramment, sincèrement et fidèlement. 

Lui jurait. Elle parjurait.

Lui, tout en confiance croyait à la force de l’expression de son amour pour elle. Il pensait que son être avec ses charmes, son empathie, sa disponibilité, sa courtoisie, sa volonté à la sortir de sa condition pour la hisser au sommet était suffisant pour qu’elle n’eût point l’idée ou l’envie d’aller contre leur projet. Lui, en son fort intérieur, pensait que leur expérience de vie était en soi la garantie d’une stabilité sentimentale.

Lui cogitait. Elle calculait.

Elle aimait à lui dire souvent de rester serein, de ne point se prendre la tête et qu’il ne pourrait rien leur arriver. Elle donnait pourtant des signes à chaque étape de leur parcours qu’elle n’était pas de cette trame là pour qui la fidélité est une vertu. Avec un peu d’attention, lui, aurait compris qu’à tout moment, elle pouvait faillir.

Lui se montrait. Elle dissimulait.

Lui, en grand seigneur, malgré les signes de faiblesses dont elle était coutumière, attendait son heure pour la légitimer. Un jour alors qu'elle s'apprêtait à prendre un vol, il voulut lui poser la question et se ravisa. Lorsqu'au retour d'un voyage elle lui annonça être prête pour une autre phase de sa vie, lui, comprit que le sommet était à leur portée désormais.

Lui croyait. Elle biaisait.

Lui n'avait point de doute qu'elle accepterait le couronnement de leur union aussi ne mettait-il l'accent que sur la forme. Il pensait à un jour symbolique, une zone dense comme une gare, ou lors d'une messe d'action de grâce. Lui se voyait un genou à terre et elle le relevant avec une longue et langoureuse étreinte en guise oui je le veux.

Lui en rêvait. Elle en spoliait.

Un matin d'hiver, elle lui dit qu'elle ne pouvait pas répondre à son ultime et insistante invitation. Lui bien perplexe questionna. Elle lui avoua que depuis des mois, des jours et des nuits, elle le trahissait. De rancœur, il n'eut point. De colère, il ne tomba guère. Mais il sentit en lui, pour elle, monter un sentiment de pitié devant tant d'insouciance. Sa vie à lui prit aussitôt un autre cours tout aussi exaltant. Elle, objectivement, venait de plonger dans l'inconfort de l'instabilité.

Lui exulte. Elle rame.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ce poème est magnifique, il m'a touché très profondément. Je suis excitée rien qu'à l'idée de découvrir de nouvelles créations, pour sentir vos mots me pénétrer à nouveau...