Mon président

Mon président a demandé à son Secrétaire Général de nous dire qu'il annule les festivités publiques de la fête du travail du 1er et de la fête nationale du 20 mai. Il ne l'a pas fait lui-même parce qu'il ne voulait pas vivre notre chagrin. Vraiment mon président se soucie de moi et de nous.

Certains mauvais esprits trouvent que c'est du pain béni. Ils disent que mon président profite de la pandémie pour ne pas se montrer en public. Comme s'il avait peur de quelqu'un. Comme si un homme lion pouvait avoir peur. Mon président n'a peur de personne.

D'ailleurs si les festivités publiques sont annulées il n'est pas interdit à mon président de parler à la nation le jour de la fête nationale surtout qu'il s'agit par ailleurs pour nous de la fête de l'unité. Mon président fêtera le 20 mai.

Ce pain serait vraiment béni si une panne technique et électrique généralisées empêchaient mon président de faire une telle allocution diffusée en direct à télévision nationale, devant tout monde. Rien n'empêchera mon président de parler ce jour là. Mon président parlera.

Nous savons tous que mon président ne préfère que les messages en direct et déteste farouchement de se faire enregistrer au préalable. Il parlera en direct. Et vous verrez mon président.

Tous ceux-là qui crient à la mort de mon président en auront pour leur gorge lorsque le 20 mai dans toute sa fraîcheur et sa clairvoyance, mon président, le père de la nation, qui n'a pas volé son élection, qui a gagné sans faire campagne tellement il est aimé de son peuple, qui est en poste depuis bientôt 40 ans parce le peuple sait parfaitement qu'il est le seul qui puisse vigoureusement tenir le gouvernail du haut de ses 86 ans, apparaîtra dans tous nos postes de télévision. Vraiment ça sera la gifle de mon président.

Sincèrement, j'aurais une larme d'émotion à l’œil lorsque je verrai mon président droit comme i dire "mes chers compatriotes".

Je verrai bien en ce moment là, la tête de ces opposants qui osent s'opposer comme si le rôle d'un petit parti d'opposition était de s'opposer. Ces ingrats à qui mon président a tout donné même le droit de créer un parti politique et qui n'ont pour seul travail que la critique de mon président. Ils vont se taire lorsque mon président apparaîtra à la télévision après avoir vaincu le méchant virus seul dans son coin. Mon président est fort.

Vive mon président.