Roger C. Elobo, Mon Blog

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23 décembre 2012

La fille sur la place Louis Aragon


Au cœur du Marais.

Il fallait la voir, au loin, de là où j'étais. Elle croisait ses jambes avec grâce, allongeait ses bras le long du dossier du banc public avec majesté pour mieux humer l'air. La petite place était bien déserte à cette heure tardive de la nuit. La cloche de minuit avait sonné depuis un moment. C'était en été. Le vent était d'autant plus frais que la seine coule en contre bas de la digue. Elle n'avait pour seul compagnon sur cette place que l'ombre de son corps dessinée sous son banc par l'effet du lampadaire.
Sa présence me provoquait. De par sa silhouette, je m'étais fait une présomption irréfragable qu'elle était physiquement belle. Ses gestes avaient de l'allure et un charme s'en dégageait. C'est peu dire qu'elle me provoquait. Malgré elle peut-être, mais surement. Elle me provoquait.

La situation me troublait. Ma présence dans ce coin du 4ème arrondissement de Paris était fortuite. Je n'aurai pas dû être là à cet endroit-là et à cette heure-là. Arrivé une heure plus tôt j'avais garé à l'angle. J'avançais vers ma voiture, la tête en furie alors que celle-là venait de me proposer de prendre du recul pour faire le point. Je vivais le prélude de cette rupture avec amertume lorsque cette fille seule, belle de surcroît s'offrit à ma perspective visuelle. Certes de loin, mais tout de même. Pour peu j'aurai loué Dieu tant la providence semblait prendre soin de mon cœur d'amoureux fragilisé.

J'avançais. Elle était là, sans inquiétude et sereine. J'avançais sans presser mon pas. Je n'avais arrêté aucune formule pour l'aborder. Tout à l'impro. Je savais faire, me direz-vous. J'avais consommé la distance de séparation. Mais je n'avais plus d'yeux que pour ma voiture. J'étais devant cette ombre enfin. Croyez-moi et devant moi, point d'elle.

C'était lui, et donc pas à moi !...

1 commentaire:

Unknown a dit…
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