Roger C. Elobo, Mon Blog

Espace d'Analyse, de Critique, d'Humeur, ...de Vie

8 janvier 2011

Un lapin


… à la sauce miel


Sur l'autoroute A86, l'air hébété et l'esprit en errance, je roulais en goûtant à l'amertume de ce lapin que je venais de me faire servir royalement. D'entorse, il ne devait pas y en avoir pour ce rendez-vous, du premier lundi de la décennie. En fin de journée, après mes engagements, je devais être attendu. Et nous devrions être ensemble. Le rendez-vous avait été posé et confirmé. La symphonie en baquette phallique se jouerait. Les cloches sonneraient en guise de crémaillère. Mais, le lapin était là désespérément amer. Ses pièces étaient grossières et je les mordais à grosses bouchées au risque de m'étouffer.


La rage !


Comme jamais auparavant, je me voyais et je me sentais réduit à ma plus simple expression. Ma rationalité en conflit avec ma passion m'invitait à la lucidité et à l'évidence des faits. Ce précédent était une alerte à comprendre que j'étais spolié. La tristesse et le chagrin en moi prenait corps, alors que je progressais, à vitesse constante, vers les 590 m de longueur du tunnel Guy Mocquet à hauteur de Thiais…


Un appel !


Mon Bluetooth était formel. La voix dans mon oreille était la même que jadis. Le timbre de cette Dakaroise vibrait singulièrement sur mon tympan pour que je la reconnaisse comme une signature biométrique. Je l'avais connue, lycéenne, au premier tiers de la première décennie de notre siècle. Des échanges par vidéotel ou par courriel avaient généré en nous des sentiments forts et sincères mais virtuels que seule l'espérance en des lendemains enchanteurs rendait réels. Elle, annonça son prénom. Laquelle ? Dis-je. La seule ! Eu-je en réplique. Où es tu ? Crie-je. Aussi étonnant que cela fût, elle était à quelques minutes de la prochaine sortie d'autoroute.


Magique !


La rencontre fut hallucinatoire. En moins d'une demi-heure, elle me parla de son chemin de France ; de son installation sous un torrent d'événements tragiques les uns comme les autres. Je découvrais cette beauté naturelle au langage franc et sympathique et d'une maturité éblouissante. Je l'admirais. Et elle aussi. Je la contemplais. Et inversement. Elle bougeait dans la pièce et me donnait l'occasion de voir en vrai la plénitude de cette œuvre des terres africaines. J'étais dans un bouillonnement. Par-ci par-là sur et sous mon corps des capsules chimiques explosaient et il se rependait sous ma peau, un je ne sais quoi aux effets paradisiaques. Elle semblait heureuse de me voir et le disait. J'étais heureux et je le manifestais.


Une décennie se fermait sur un lapin et l'autre commençait au miel.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tout simplement splendide !!!